Dans une correspondance datée du 24 août 2023, Dr Manaouda Malachie somme Congelés du Cameroun (CONGELCAM), de se soumettre sous huitaine à l’inspection et au contrôle sanitaire de ses installations et produits alimentaires mis à la consommation humaine sous peine de sanctions administratives et/ou pénales.
Il s’agit en fait d’un rappel à l’ordre du Ministre de la Santé publique, Dr Manaouda Malachie au Président directeur général de Congelcam. Le ministre, dans sa note adressée au Pdg de Congelcam, indique : « le rapport de la mission d’inspection et de contrôle effectuée par les équipes techniques de mon département ministériel à la régie de Terminale des conteneurs, fait état des températures de conservation non satisfaisantes des produits halieutiques importés par votre société. Y faisant suite, j’ai instruis une mission d’évaluation des capacités de conservation de vos chambres froides ainsi que des prélèvements d’échantillons pour analyses microbiologique et physico-chimique. Cependant, il m’a été rapporté un refus catégorique à cette inspection ».
Face à ce refus compréhensif de Congelcam qui choque, Dr Manaouda Malachie insiste : « en rappel à la législation alimentaire aux articles 8 et 20 de la loi 2018 portant loi-cadre sur la sécurité sanitaire des aliments, vous êtes tenu de vous soumettre sous huitaine à l’inspection et au contrôle sanitaire de vos installations et produits alimentaires mis à la consommation humaine sous peine de sanctions administratives et/ou pénales ».
Cette sortie du ministre de la Santé publique intervient au moment où on continue de parler de la cargaison de poissons pourris arrivée au port de Douala-Bonaberi depuis janvier 2023 et dont la dernière cargaison est arrivée le 2 août 2023. Dans une de nos précédentes publications, en effet, nous évoquions le fait que des cargaisons de poissons pourris parqués au quai du terminal à conteneurs comprenaient 323 conteneurs impropres à la consommation. Et par rapport à cette affaire, le Ministre de la santé publique, le Dr Manaouda avait mis sur pied une mission d’inspection conduite par Kamsouloum El Hadj Hachimi, sous-Directeur de l’alimentation et de la nutrition qui a séjourné au terminal du 14 au 17 juin 2023. On a l’impression ici que Congelcam ne s’est pas résolu à mettre en application les résolutions et remarques formulées par les différentes équipes, dont on pouvait aussi compter le ministère de l’élevage des pêches et des industries animales, le ministère du commerce et bien d’autres institutions.
La dernière cargaison à date qui était stockée dans les ports de Lomé, San Pédro, Abidjan et Pointe Noire est arrivée au port de Douala-Bonabéri le 2 août 2023, avec 981 conteneurs dont 57 frigorifiques. Ils ont immédiatement été interdits d’entreposage au Terminal à Conteneurs par une équipe d’inspection mixte constituée du ministère de la Santé publique, du ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales, des Forces de maintien de l’ordre, de la douane, de la RTC, et du PAD.
Dérogeant à leurs missions régaliennes, les équipes d’exploitation de la Régie du Terminal à Conteneurs ont fait le constat de la présence de conteneurs dégoulinant et exhalant une forte odeur de putréfaction des conteneurs prêts à être débarqués pour les espaces de stockage de l’importateur Congelcam et les marchés. Informé de la situation, le Directeur Général de la RTC, Dieudonné Lin Onana Ndoh a eu à alerter la Capitainerie du Port. L’arrêt des opérations sur le navire MSC RIONA sera décidé, suivi d’une descente d’une équipe d’inspection mixte constituée du ministère de la Santé publique, du ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales, des Forces de maintien de l’ordre, de la douane, de la RTC, et du PAD. Le constat effroyable : 57 conteneurs frigorifiques, avec de bonnes courbes de températures affichées, y dégouline une eau verdâtre, et d’une odeur pestilentielle qui vous informe sur l’état de putréfaction avancée des contenus. Du poisson pourri.
Des faits que continuent de réfuter Congelcam. Pour cette société, tout ce qui est dit et fait concernant cette affaire est à mettre sur le compte du sabotage. Dans une opération de Kilav à fort renfort de publicité après la dénonciation des contenus de la 3ème cargaison, l’ouverture des conteneurs par Congelcam a relevé qu’il existait du poisson pourri dans les conteneurs. Raison pour laquelle l’on n’a pas eu droit à des démentis et autres droits de réponse.
Comment comprendre aujourd’hui le refus catégorique de Congelés du Cameroun de permettre à la mission d’évaluation des capacités de conservation de ses chambres froides ainsi que des prélèvements d’échantillons pour analyses microbiologique et physico-chimique mise sur pied par le ministre de la Santé publique pour faire son travail ? Ne devrait-on pas se questionner sur les autorisations de mise en consommation de ses produits ? Ne doit-on rien dire sur les certificats de conformité sanitaire ? Quid sur les certificats d’analyse des produits du pays d’origine (d’où proviennent les poissons vendus aux consommateurs) ? Et que dire des certificats d’analyses des produits ? Lorsqu’il est connu que les conteneurs servant de contenant aux produits sont vétustes et parfois non fonctionnels ? En un mot que cache Congelcam dans cette posture de défiance d’une démarche administrative ?
En attendant la sortie certaine de Congelcam sur ce nouveau rebondissement dans l’affaire de conteneurs de poissons pourris, les consommateurs ne savent plus à quel saint se vouer.
Affaire à suivre.
Publié aussi dans le journal L’ÉQUATION