Cameroun : revue des obstacles qui freinent l’engagement des femmes et des jeunes pour la consolidation de la démocratie
L’inaction du faible nombre de femmes députés à l’Assemblée nationale ; la précarité existante dans les partis politiques au Cameroun ; le retournement des vestes des hommes politiques ; le fait que la société se soit jetée dans une sorte de défaitisme ; l’absence du sang neuf au Gouvernement, dans les administrations et dans les postes de prise de décision; le coût élevé de la politique au pays ; l’absence de conviction chez les jeunes et les femmes ; les achats des sièges dans les partis politiques ; la démocratie gérée avec l’armée ; Voilà entre autres facteurs qui entravent cruellement l’avancée de la démocratie au Cameroun et qui favorisent le non engagement des femmes et des jeunes pour la consolidation de la démocratie.
Ce constat est fait par les participants au dialogue politique organisé jeudi 30 mai 2024 au siège du Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique centrale (Redhac) sis à Bali-Douala. Le thème dudit dialogue était: « L’importance de l’engagement des femmes et des jeunes pour la consolidation de la démocratie au Cameroun ». Le panel convié était constitué du représentant du Gouverneur de la région du Littoral, André Francis Obam ; Le Chef d’Antenne régionale de la CDHC Littoral, Philippe Amanye Botiba ; La Représentante du délégué régional d’Elecam pour le Littoral, Germaine B. ; Me Alice Nkom Co- PCA du Redhac ; Henriette Ekwe, Facilitatrice et Me. Fénelon Mahop Sen le modérateur.
Recommandations
Les échanges instructifs et les travaux de groupes ont abouti à une déclaration finale. Grosso modo, il est demandé aux femmes et aux jeunes de s’engager davantage dans les affaires qui les concernent en l’occurrence sur les questions politiques car leurs voix portent. S’agissant du cas spécifique des jeunes, ils doivent être convaincus de leur engagement comme l’ont fait leurs devanciers à l’instar de : Ruben Um Nyobé, Ahmadou Babatoura Ahidjo du Cameroun, François Tombalbaye du Tchad, Nelson Rolihlahla Mandela de l’Afrique du Sud, Léon MBA du Gabon, Kwame, Nkrumah du Ghana, Thomas Sankara du Burkina Faso, Jerry Rawlings du Ghana ou encore Patrice Lumumba de la République démocratique du Congo.
« Le combat est rude et ça doit changer d’abord par l’émancipation personnelle des Camerounais, ensuite sur le plan économique et viendra le plan politique », suggère le journaliste en retraite Jacques Dobel.
Et Suzanne Kala Lobe de dire aux jeunes : « vous êtes des citoyens à part entière qui ont de l’intelligence à donner aux autres. Arrêtez de dire que vous êtes jeunes. Ce sont les jeunes qui ont fait les combats du monde. Arrachez l’excellence. Dépassez-vous. L’âge n’a rien à voir ».
Pour Henriette Ekwe : « les femmes et les jeunes engagez-vous en politique. Regardez et lisez les projets de société des partis politiques pour savoir ce qu’on prépare pour vous. Ahidjo avait nommé beaucoup de jeunes. Le fait que ce n’est pas le cas aujourd’hui, c’est voulu mais vous ne devez pas vous décourager ».
Contexte et justification
A l’approche des échéances électorales de 2025, l’actualité est dominée par les débats politiques ; signe de la vitalité de la démocratie au Cameroun. Au sein des formations politiques, l’heure est à la mobilisation des troupes et à la mise en place des stratégies basées sur la participation de tous surtout des femmes et des jeunes pour gagner lesdites élections.
La mobilisation tous azimuts autour des inscriptions sur les listes électorales qui a cours actuellement fait état d’un dépassement de la barre de 7,5 millions d’inscrits tel qu’il ressort des récentes données de l’organe en charge des élections au Cameroun (ELECAM). Il convient dès lors à toute fin utile de relever qu’un accent particulier est mis sur les femmes et les jeunes.
Au regard de leur taux d’inscription important notamment celui du premier trimestre de 2024 qui fait état de : 90 124 femmes ; soit 62,23% et 101,848 jeunes ; soit 70,32%. En effet, à l’observation on peut dire sans risque de se tromper que les femmes et les jeunes constituent un électorat important au regard de leur taux d’inscription sur les listes électorales. Cependant, la question qui se pose est de savoir si ces deux couches sociales sont conscientes de leur apport dans la construction d’une société plus démocratique au Cameroun ; et en particulier dans les échéances électorales.
Voilà où trouve son bienfondé ce dialogue politique organisé par le Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique centrale. Les acteurs de la société civile, les Organisations de défense des droits humains, les étudiants, les associations de défense des droits des personnes handicapées, hommes et femmes de médias, hommes et femmes politiques, avocats, ont participé à ce dialogue via des recommandations, le partage d’expériences, visant à susciter l’éveil de conscience quant à l’importance de leur contribution à l’essor démocratique au Cameroun.
Linda Mbiapa