Philippe Nanga : « 42 ans passés aux manettes de la gouvernance du Cameroun, j’ai envie de dire que le Cameroun ressemble à un train qui a pris la mauvaise voie et qui se retrouve à plusieurs centaines de km ayant loupé la bonne voie »

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Le Coordonnateur de l’Ong Un Monde Avenir fait une profonde analyse à l’occasion des 42 Ans du Renouveau.

« Quand j’observe la gouvernance du Cameroun par le président Biya, je vois quelqu’un qui a pris la conduite du train (après le départ du président Ahidjo), il a conduit quelques kms et est arrivé à un carrefour, a mis un moment à réfléchir sur l’itinéraire à suivre et malheureusement, a emprunté la mauvaise voie. Depuis lors, il essaie de faire des choses comme il peut mais ne se rend pas compte qu’il est sur la mauvaise voie, non seulement ce n’est pas le bon itinéraire, mais en plus la voie empruntée se trouve inadaptée au « train » Cameroun.

Conséquences, plusieurs déraillements, plusieurs arrêts pour cause de voie inadaptée. Je voudrais ici dire de mon point de vue, que le système de gouvernance adopté par le président Biya, à défaut de nous faire reculer, nous fait tourner en rond. J’ai l’impression que le président Biya commence à se rendre compte qu’il est très loin de la bonne voie.

Résultats, il a décidé de ne plus modifier ni le jeu, ni les acteurs du jeu. Nous avons donc un gouvernement presque qu’aux arrêts avec des vieillards qui semblent perdus dans un Monde où les choses vont très vite. Sur le plan des infrastructures, regardez la ville de Douala, faites la comparaison avec Douala d’il y a 40 ans, vous avez l’impression que la ville qu’on appelait « Douala Mbengue » en comparaison avec la France, a vraiment évoluée ? Quand je regarde le niveau de dégradation de nos axes routiers, j’ai les larmes aux yeux. 42 ans passés, le président Biya n’a pas été capable de relier un département aussi riche que le Nkam, avec la capitale régionale avec une route bitumée. En ce qui concerne l’éducation bref l’accès à l’école, nous sommes passés de l’école pour TOUS à l’école pour les RICHES Face à l’incapacité de l’État à prendre en charge l’accès à l’école, les privés ont pris en otage ce secteur et du coup, si vous n’avez pas d’argent, c’est tant pis pour vos enfants. Sur la question de l’emploi, Douala considéré comme la capitale économique, n’est plus que l’ombre de lui-même. Des dizaines d’entreprises ont fermé les portes depuis longtemps, le port n’existe plus que de nom. Les plus gris employeurs aujourd’hui, c’est le secteur de moto taxi et la vente à la sauvette.

Si nous regardons le secteur de l’énergie, jadis, nous avions des problèmes d’accès à l’électricité sur 3 ou 4 mois notamment en période de sécheresse. Aujourd’hui les coupures d’électricité, c’est sur toute l’année. Je terminerai par mon domaine, les droits de l’homme et la démocratie. Alors que le président Biya avait donné beaucoup d’espoir avec les lois de 1990 et la Constitution de 1996, au jour d’aujourd’hui, nous avons bien reculé aussi en matière de droit de l’homme. L’impunité semble être la règle que ce soit en matière de violations des droits de l’homme qu’en matière de détournement des fonds publics. Les libertés publiques qui semblaient être acquises, aujourd’hui, tenir un propos inconvenant au système gouvernant vous met en danger.

Nous sommes à nouveau rentrés dans un système de terreur qu’on croyait avoir dépassé avec le départ du premier président. Comme je l’ai dit plus haut, du fait d’avoir pris la mauvaise voie depuis un moment, même les petits efforts fournis ne peuvent produire que très peu d’impact. Les quelques bons acteurs qui sont dans le système Biya, se trouvent noyés par des milliers de « vautours » qui ont pour seules ambitions que le pillage systématique du pays qui, a du mal à sortir des crises multiples qui plombent la vie des populations.

En 42 ans, nous sommes passés d’un îlot de paix à un îlot de guerre et conflits interminables, d’un pays uni et solidaire à un pays déchiré et divisé. Le président Biya devrait, s’il veut rentrer positivement dans l’histoire, prendre sur lui avant les prochaines échéances électorales, d’organiser des vrais assises nationales, pour nous permettre de retrouver le bon itinéraire perdu il y a belle lurette et reconstruire l’unité nationale qu’il a trouvée.

Réaction Prise par LSI

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