Le Coordonnateur de l’Ong “Un Monde Avenir” a été interrogé par votre journal LA SIRÈNE INFOS sur la hausse récente des prix des carburants: soit 110 Fcfa pour le Super et 108 pour le Gasoil. Voici sa réaction.
“Plusieurs documents clairs montrent qu’on n’a pas besoin de cette augmentation si ce n’est que ça serve à ceux qui veulent voir le Cameroun à feu et à sang. La récente sortie de l’Honorable Cabral Libii dans laquelle il a présenté de manière claire la structure des prix du pétrole en dit long. Quand on regarde ce document, il conclut d’ailleurs en disant que le Cameroun n’a pas besoin d’une augmentation quelconque.
Il démontre qu’il y a une sorte de surcharge de taxation de produits pétroliers et il y a une opacité dans un volet qu’on ne parle pas beaucoup: c’est la vente du pétrole camerounais. Il démontre qu’une simple compensation entre ce que nous vendons et ce que nous achetons pourrait suffir à ce que non seulement on n’ait pas de hausse mais aussi qu’on ait une baisse des prix des produits pétroliers.
Vous parlez d’un autre exemple?
Je prendrai un autre exemple: c’est l’affaire Glencore qui montre que le Cameroun vend son pétrole au rabais pour que des individus se mettent plein la poche et le bénéfice qu’on aurait pu en tirer à suffisance dans la vente de nos produits pétroliers est réduit au bénéfice des individus qui s’en mettent plein la poche. Nous sommes au courant des milliards de Fcfa que le Cameroun a perdu à travers des transactions des ventes de produits pétroliers.
D’autres experts ont fait le même travail pour démontrer que l’histoire de subvention ne tient pas la route (parce qu’on ne voit pas sur quelle ligne le Cameroun prend pour subventionner les produits pétroliers. En réalité, ce qu’on appelle subventions dans le cadre des prix du pétrole est un couvert qu’on utilise pour détourner des fonds publics). En réalité, il n’ y a donc pas de subventions comme on le révèle officiellement. De ce point de vue, quand on analyse la structure du pétrole, il aurait suffit simplement de décharger un certain nombre de taxes pour que le prix baisse et qu’on vive avec cela.
Il faut aussi dire qu’il y a une sorte de contradictions qui rattrapent nos gouvernants. Ils disent chaque année que le Gouvernement doit réduire son train de vie mais en réalité, on ne le voit pas. Et c’est pour ça que chaque fois que leur pouvoir d’achat baisse, que le gouvernement se trouve en déficit de moyens financiers, c’est le peuple qui doit payer pour que le train de vie de l’Etat ne baisse pas. Voilà comment j’analyse cette situation.
Et s’agissant des effets sociaux?
Ça va être catastrophique. Tout va évidemment grimper évidemment. La hausse du prix de pétrole entraîne la hausse du prix de transport et par ricochet la hausse du prix de certaines denrées qui sont transportées d’un point à l’autre. Il va avoir un effet dévastateur du point de vue du pouvoir d’achat des Camerounais. Quand on va ajouter à cette réduction drastique du pouvoir d’achat des Camerounais les problèmes que nous vivons déjà (le difficile accès à l’eau, le difficile accès à l’énergie avec des coupures intempestives de l’électricité), on constate qu’on est en train de pousser le bouchon très loin.
Quel rapport avec les prochaines échéances électorales au Cameroun?
Je crains que dans les prochains mois, on vive des situations compliquées avec cette énième provocation du peuple camerounais et j’attire l’attention des uns et des autres. Nous ne pouvons pas continuer à nous laisser faire. On ne peut pas décréter la misère du peuple pendant que les gens sont au pouvoir et s’en mettent plein les poches. On a des lignes 94, 57, 65 dont on sait que des gens se partagent du fric qui appartient au peuple camerounais. On n’a qu’à supprimer ces lignes ou les réduire de façon drastique pour qu’on n’ait pas besoin d’augmenter quoi que ce soit. C’est une énième provocation qui risque d’entraîner des tensions sociales graves. Et nous sommes en train d’aller vers la période électorale. Je crains qu’il y ait un lien entre les échéances électorales et cette énième provocation du peuple camerounais. Je soupçonne que des gens veulent que notre pays entre dans une situation de conflit social grave et qu’ils se servent de ça comme prétexte pour retarder les prochaines échéances électorales au Cameroun (soit disant qu’on ne peut pas organiser les élections dans un tel contexte)”.
J’appelle le peuple camerounais à rester très vigilant et à prendre ses responsabilités en fin de compte.”
Entretien mené avec Linda Mbenda