Recrudescence des actes de violences contre les femmes et les jeunes filles portés à sa connaissance depuis le 26 novembre 2023: la CDHC tire la sonnette d’alarme
La Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC) a publié le 25 novembre 2024 une forte déclaration à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes 2024.
Elle condamne vigoureusement ces actes impitoyables ayant porté atteinte à leur intégrité physique et morale, dont certains ont conduit à une mort prématurée, toujours cruelle et parfois horrible, notamment :
les sévices corporels infligés à Mme Bernadette ABA’A AMOUGOU domiciliée à Oding, dans la Région du Sud, par son concubin M. Charles NDI avec qui elle vivait maritalement depuis vingt-deux ans, union dont sont issus cinq enfants ; la victime subissait des violences de la part du mis en cause depuis 2011 dont la dernière remonte à la nuit du jeudi 3 octobre 2024, au cours de laquelle Charles NDI lui a assené de violents coups de poing en présence de leur fille de onze ans à la suite desquels elle a perdu connaissance ; l’Antenne régionale de la CDHC pour le Sud a émis deux convocations pour audition du mis en cause, respectivement les 25 et 29 octobre 2024, ainsi qu’une convocation pour audition de la requérante le 4 novembre 2024 ; au cours de l’entretien avec Mme Bernadette ABA’A AMOUGOU, elle a informé l’Antenne de ce qu’une assise avait eu lieu le 30 octobre 2024 cn présence des familles des deux protagonistes et en guise de résolution, il a été convenu que Mme ABA’A quitte le domicile du mis en cause pour s’installer ailleurs, afin de préserver sa sécurité et qu’elle ne pourra reprendre une vie conjugale avec M. NDI qu’après le versement de sa dot et la célébration de leur mariage ;
les traitements cruels, inhumains ou dégradants infligés le 24 septembre 2024 à une fillette de cinq ans, mettant en cause sa tante résidant au quartier Akwa Nord à Douala, dans la Région du Littoral, etc. De nombreux cas sont contenus dans la déclaration publiée par la Cdhc.
Recommandations
La Commission réitère certaines de ses recommandations formulées lors de la précédente célébration de la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes en 2023, notamment celles adressées :
au Gouvernement de finaliser le processus d’élaboration de l’avant-projet de loi contre les VBG lancé par le MINPROFF ainsi que du projet de loi portant Code de la famille ; au ministère de la Justice (notamment à travers les parquets) d’engager systématiquement des poursuites contre tous les auteurs de violences contre les femmes et les filles, conformément à la législation en vigueur, afin de dissuader toutes autres personnes de commettre de tels actes ; de renforcer davantage les capacités des acteurs de la chaîne judiciaire sur le cadre normatif africain et universel de protection des Droits des femmes ;
La Commission recommande :
au Gouvernement de renforcer le dispositif pénal relatif aux violences et aux discriminations faites aux femmes en facilitant l’ adoption de dispositions criminalisant les violences conjugales en général et les violences économiques en particulier, notamment le contrôle des finances, le refus de soutien financier ainsi que l’interdiction de travailler ;
au MINAS et au MINPROFF de renforcer leur politique de sensibilisation sur les violences à l’égard des femmes, notamment en traduisant les instruments nationaux, africains et universels de promotion et de protection des Droits des femmes dans les langues locales, pour une plus grande accessibilité aux populations ;
La Commission invite particulièrement :
les acteurs de la société civile à prendre conscience de leur rôle dans la diffusion des bonnes pratiques susceptibles de contribuer à prévenir les violences à l’égard des femmes ;
les hommes à intégrer les vertus de la masculinité positive dans leur quotidien et à jouer un rôle actif dans la prévention et dans l’éradication des violences faites aux femmes ;
La Commission encourage les familles et les communautés à coopérer avec les autorités, afin que les auteurs des violences envers les femmes et les jeunes filles soient interpellés, traduits en justice et, le cas échéant, condamnés conformément aux lois et règlements en vigueur.
Pour sa part, la Commission ne ménagera aucun effort pour continuer la sensibilisation contre les violences à l’égard des femmes et des jeunes filles en particulier par le biais d’ateliers de formation, de campagnes de sensibilisation, de plaidoyers, de visites des lieux de privation de liberté, de missions d’enquête ainsi que dans le cadre du traitement des requêtes et de l’auto-saisine.