Cameroun: Appel à la loi portant « promotion et protection des Défenseurs des droits de l’homme »
C’est l’un des souhaits du Réseau des défenseurs des Droits humains en Afrique centrale (REDHAC). Lui qui a organisé vendredi 10 novembre 2023 à son siège (Douala) un «dialogue politique» sur les questions spécifiques en liaison avec les droits des femmes et les FDDH.
Des leaders associatifs, des hommes et femmes de médias, des Femmes défenseures des droits humains (FDDH) et autres citoyens, ont pris une part active à ce dialogue. Le panel a été constitué de: Me Alice Nkom, Co-Pca REDHAC, Marcel Mani, Chargé des programmes au REDHAC et Dr Aristide Mono, Analyste politique. Pour tous, il est question d’oeuvrer pour l’introduction au Cameroun et au Tchad d’une loi portant « promotion et protection des Défenseurs des droits de l’homme ». Ce qui, selon Me Alice Nkom, permettra d’engager la réformation des cadres juridiques et politico institutionnels au Cameroun et au Tchad, pour favoriser le déploiement de la société civile, des acteurs civiques et des défenseurs /femmes défenseurs des droits de l’Homme.
Contexte
Le problème de restriction de l’espace civique, de consolidation des institutions démocratiques et d’absence de protection légales des DDH en particulier les FDDH comme véritable défi pour l’engagement des jeunes filles et des femmes dans le processus de paix et sécurité humaine est le fait conjugué de 5 facteurs qui sont autant de problèmes à résoudre d’après le REDHAC qui cite: “Insuffisance de données fiables actualisées sur la restriction de l’espace civique et sur la situation des Défenseurs des DH, les FDDH, et les organisations de la société civile locales de défense des DH y compris celles des LGBTQI ; Faible capacités techniques, institutionnelles, organisationnelles et managériales des DDH, des organisations de DH ; Méconnaissance des bonnes pratiques et faible mutualisation des compétences en particulier chez les FDDH ;
Absence de mécanisme consensuel et/ou inclusif relatif au débat public sur l’espace civique, et inexistence de dialogue entre les acteurs et insuffisance de synergie d’actions et des cadres permanents de concertation entre OSC et autres acteurs de la CEMAC, de la CEEAC et africains œuvrant sur les droits de l’homme, la démocratie, la prévention, la résolution des conflits et la paix conformément à l’agenda 2063 de l’Union Africaine ; Violations des libertés fondamentales (interdictions récurrentes et systématiques des réunions et manifestation et menaces d’interdiction d’association ; Menaces et représailles à l’encontre des DDH, FDDH, journalistes, militants de la démocratie, les militants pour la paix (Arrestations systématiques des acteurs de la société civile et politiques exerçant la liberté de manifestation, harcèlement judiciaire, suspension des agréments, surveillance en ligne, cambriolage des bureaux, menaces de bloquer les comptes, dénigrement auprès des bailleurs, manque de financement ; inexistence de mécanismes efficaces d’appui/soutien aux OSC et aux défenseurs en danger) ; faible exploitation des opportunités qu’offrent internet pour la promotion des DH et la protection de l’espace civique”.
Que faire?
Selon Me Alice Nkom, Co-Pca REDHAC qui a présidé le dialogue politique sur les questions spécifiques en liaison avec les droits des femmes et FDDH, les objectifs sont de: « Mettre en place un cadre de discussions et de partage d’expériences sur les questions spécifiques en liaison avec les droits des femmes et les FDDH, la restriction de l’espace civique, les élections et les défis liés à l’alternance, la situation sécuritaire en Afrique Centrale; Émettre des recommandations pertinentes pour l’ouverture en Afrique centrale de l’espace civique et démocratique, ainsi que la protection légale des DDH, en particulier les FDDH »
Suggestions
Pour sa part, Dr Aristide Mono, Analyste politique dira: «il y a beaucoup de défis à relever pour ce qui est de l’engagement, de la participation politique des masses. Le premier défi est celui de la réappropriation par les populations des droits, devoirs, obligations de l’Etat envers les citoyens. Le 2e défi est celui de la liberté d’expression et du respect des droits de l’homme. Il y a aussi le défi lié aux élections et à l’alternance démocratique au Cameroun. Concernant les élections, il est important qu’on révise le régime électoral qui est l’ensemble des différentes normes qui encadrent le jeu électoral. Il faut également réviser le système électoral qui fait allusion aux différentes pratiques qu’on rencontre sur le terrain parmi lesquelles la capturation des institutions en charge des élections, la capturation des moyens de l’Etat par un seul parti. L’alternance semble cruciale aussi et pose beaucoup de soucis pour ce qui est de la sécurité et de la stabilité de nos institutions parce qu’aujourd’hui, les mesures constitutionnelles n’offrent pas assez de garanties pour ce qui est de l’alternance dans la paix…Il faut engager les processus de dialogue pour essayer de décompresser les atmosphères qui sont assez tendues…»
Une Déclaration finale a sanctionné toutes les recommandations pertinentes faites par les différentes parties prenantes. Cette déclaration fera l’objet d’une large diffusion auprès des acteurs étatiques et non étatiques.
Linda Mbiapa