Déchets plastiques : environ 600 000 tonnes produites par an au Cameroun

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« Mettre fin à la pollution plastique mondiale », c’est le thème de la Journée mondiale de l’environnement ce jeudi 5 juin 2024. La 52ème Édition est au centre d’une Déclaration signée il y a deux jours par le Président de la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC), Pr. James Mouangue Kobila.

Dans ce vaste document, la Commission constate que le Cameroun produit une quantité importante de déchets plastiques estimée à environ 600 000 tonnes par an (la matière plastique mettant environ 400 ans pour se décomposer), ce qui entraîne une accumulation continue de ces déchets dans l’environnement, perturbant les écosystèmes et détruisant progressivement les habitats naturels, étant donné que les plastiques non biodégradables comme les sacs plastiques polluent les sols, les rivières et les océans où ils se transforment en micro plastiques et constituent de graves menaces pour la biodiversité et la santé publique.

La CDHC relève en outre que, selon une enquête réalisée par Afrobarometer en mars 2022, 72 % des citoyens considèrent la pollution comme un problème grave dans leur communauté et 76 % considèrent les sacs en plastique comme la source majeure de pollution, une préoccupation qui reflète une prise de conscience accrue de la situation, « bien que des actions concrètes pour l’endiguer demeurent insuffisantes tant au niveau local qu’à l’échelle nationale ».

Des préoccupations, il y en a au niveau de l’Institution nationale des Droits de l’Homme : le fait qu’en dépit de l’interdiction de certains plastiques fins et non biodégradables, des sacs plastiques illicites continuent d’entrer dans le pays à travers la contrebande ; une application insuffisante du cadre normatif en vigueur dans la mesure où les autorités procèdent à des saisies, mais les mesures répressives restent largement insuffisantes ; le fait que, malgré la saisie par la douane camerounaise d’emballages plastiques non biodégradables, leur interdiction par l’arrêté conjoint numéro 004/MINEPDED/ MINCOMVIERCE du 24 octobre 2012 susmentionné et le lancement de la phase répressive dans les dix régions du pays le 25 avril 2014, ces derniers continuent d’être produits, importés et commercialisés sur le marché camerounais, ce qui conduit à s’interroger sur l’efficacité des mesures prises pour protéger I’ environnement ; une application insuffisante de l’interdiction de la vente et de la consommation des plastiques illicites ; les risques des matières plastiques sur la santé publique à travers la libération des substances toxiques qui contaminent l’eau, le sol et l’air, augmentant ainsi les risques de maladies respiratoires, digestives et dermatologiques.

Toujours dans le même sillage, la CDHC se dit préoccupée par : l’impact des déchets plastiques non biodégradables sur la biodiversité, dans la mesure où de nombreuses espèces animales marines et terrestres les confondent avec de la nourriture et les ingurgitent, ce qui entraîne des blessures internes graves, voire la mort chez certaines ; l’obstruction des drains et des égouts par des déchets plastiques non biodégradables, perturbant la gestion des eaux et favorisant les inondations, particulièrement dans les grandes villes comme Douala et Yaoundé ; le faible niveau de sensibilisation de la population sur les dangers que représentent les déchets plastiques pour l’environnement et la santé ; le comportement incivique de certaines populations qui continuent de déposer ou de verser les ordures ménagères ainsi que des déchets plastiques dans des lieux non prévus à cet effet, y compris dans les rigoles et caniveaux, contribuant ainsi à l’insalubrité, à l’obstruction des voies d’évacuation des eaux et à l’aggravation des risques d’inondation ; la corruption qui constitue un frein majeur à la mise en œuvre efficace des normes interdisant l’usage des plastiques non-biodégradables au Cameroun, avec pour conséquences ; la faible application des lois par les institutions chargées de faire respecter la règlementation environnementale ; la perte de crédibilité et d’efficacité des autorités chargées de la gestion environnementale. Sans oublier le déficit économique et commercial induit par la concurrence déloyale du fait de la contrefaçon, la dégradation de l’environnement et les obstacles à la sensibilisation et à l’éducation contre la corruption.

Examen

La Commission relève que, sur les 220 recommandations acceptées par l’Etat à l’occasion de l’adoption du Rapport du passage du Cameroun au 4e cycle de l’Examen périodique universel (EPU) le 26 mars 2024, trois sont relatives au droit à un environnement sain ; elles sont reproduites dans la Déclaration de la CDHC de ce jour et ont été ventilées par la CDHC aux structures pertinentes de l’État, chacune en ce qui la concerne, de la manière suivante : la recommandation invitant à « renforcer les efforts de conservation des écosystèmes, notamment des forêts et des fleuves, afin de soutenir la biodiversité et les moyens de subsistance des populations » qui a été adressée au ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (MINEPDED), au ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF) et au ministère de la Décentralisation et du Développement local (MINDDEVEL) ; La recommandation invitant à « travailler avec les populations locales, en particulier celles qui sont touchées par les changements climatiques, afin de créer des stratégies d’adaptation et de renforcer la résilience » qui a été adressée au MINDDEVEL, au MINEPDED, au MINFOF et au ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales (MINEPIA), etc.

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