Cameroun/Elections 2025: les jeunes doivent surmonter le déficit de culture politique, d’abstention politique, d’abstention partisane, d’abstention électorale
Ainsi pense l’analyste politique Dr Aristide Mono. Il fait partie du panel convié au 6e forum national jeune et citoyen qui s’est tenu vendredi 9 février 2024 à Douala. Une initiative de l’Ong Un Monde Avenir.
Devenu un événement pérenne depuis 2019, le forum national jeune et citoyen a eu cette année comme thème: “Participation politique des jeunes au Cameroun: enjeux et défis”. L’hôtel Vallée des princes à Douala vient d’abriter la 6eme édition. Des autorités administratives, locales, des élus locaux, des leaders associatifs, des acteurs de la société civile camerounaise et des jeunes (d’ailleurs la cible principale de la rencontre) venus massivement des 10 régions du Cameroun ont pris part au forum.
Tous ont noté de Christian Ndjock Nkongo, secrétaire national aux affaires politiques, aux Droits de l’Homme et aux libertés, Porte-parole du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) par ailleurs directeur de formation à l’Ecole des Cadres que: «La société camerounaise est essentiellement composée des jeunes. L’âge médian est de 17, 7 ans. L’âge moyen serait de 22, 1 ans. La population ayant moins de 25 ans représente 64%. Les 60 ans et plus ne représentent que 5% de la population totale. 52% des jeunes vivent dans les grands centres urbains. 30% de chômeurs sont des jeunes de moins de 30 ans».
Helas! Il est déploré une faible participation des jeunes, pourtant nombreux, aux élections. Des obstacles à cette participation électorale au Cameroun sont, d’après Nadège Mapigoue du Social Democratic Front (SDF): «le système électoral qui ne garantit pas les élections libres et transparentes. cela pose un problème de confiance. La question des cautions pour être un candidat et pour battre campagne est un autre obstacle; la formation limitée des jeunes sur le système électoral et son fonctionnement; la pression familiale qui décourage le jeune; le manque de reconnaissance des actions des jeunes dans les partis politiques; l’inexpérience; la marginalisation de certains jeunes». Voilà qui donne un sens, comme évoqué en sus, au thème de ce 6e forum.
Enjeux et défis
“Enjeux et défis de la participation politique des jeunes pour les prochaines échéances électorales”. Tel est le sous-thème abordé par Dr Aristide Mono, analyste politique. Pour lui, les jeunes font face en tant qu’électeurs aux défis de la culture politique car beaucoup restent encore en marge du jeu électoral. «Il faut faut une éducation politique populaire pour amener les jeunes à prendre part aux prochaines échéances électorales. Beaucoup ne comprennent pas le bien fondé des élections. Il faut surmonter ce déficit de culture politique, d’abstention politique, d’abstention partisane, d’abstention électorale».
Il parle aussi du défi de la séduction des jeunes, le défi du choix national car les gens ne votent pas comme des électeurs qui recherchent quelque chose de précis. D’où le vote clientéliste. «Il faut revenir sur la notion de l’électeur du choix rationnel c-a-d si je vote tel ou tel, qu’est ce que cela va apporter pour le bien être des citoyens…Il faut tout faire pour ne pas se laisser emporter par les sirènes de la déstabilisation qui sont tant du côté du pouvoir que de l’opposition», recommande Dr Aristide Mono.
Partage d’expériences
Toute aussi intéressante vendredi 9 février 2024 est la prise de parole de César Honoré Ngomo, Conseiller municipal au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) de Douala 3e. Il a partagé ses expériences assez exceptionnelles pour pousser les jeunes à comprendre que dans la vie, il faut être «loyal, fidèle, audacieux, honnête. Peu importe votre âge, vous pouvez influencer positivement votre entourage. Et donc si vous avez 21 ans et que vous n’êtes pas détenteur d’une carte d’électeur, c’est un crime. Quelque soit la formation politique (de l’opposition ou du parti au pouvoir), le Cameroun a besoin de nous tous. Il faut avoir du courage pour affronter les obstacles malgré les intempéries. Donnez-vous la politique de vos moyens».
Des conseils salués par le public et par des hommes et femmes de médias heureux de prendre part, une 6eme fois, au Forum national jeune et citoyen. « A chaque fois, c’est l’occasion d’apprendre, d’écouter, de se galvaniser afin de se positionner partout où la voix du citoyen doit se faire entendre pour la bonne cause », susurrent-ils.
Bien Fondé du forum national
Un Monde Avenir qui fait la promotion de ce concept estime qu’il constitue un cadre d’échanges et de discussion qui vise à amener les jeunes à prendre conscience de leur position d’acteurs en charge de construire une société démocratique et favorable à leur épanouissement.
Et pour les y aider, Nadège Mapigoue donne quelques astuces: «Être en groupe, se battre pour être dans les instances de prise de décision dans nos familles, nos quartiers, nos associations, etc. Les formations politiques doivent, selon le cadre du SDF, créer des cadres favorables des jeunes et leur épanouissement dans les formations politiques; offrir des possibilités de développement de capacités des jeunes; assurer leur implication dans les phases d’éducation aux élections; développer des outils en ligne pour atteindre des jeunes qui maîtrisent l’informatique ».
Dr Aristide Mono d’ajouter que les jeunes doivent participer aux prochaines échéances électorales pour être présents au niveau de la fonction de l’Etat. « Si nous choisissons les pieds plats, nous aurons une gouvernance de pieds plats. Il est important que les jeunes se mobilisent, qu’ils soient là en tant que candidats pour avoir une gouvernance up-to-date ».
Linda Mbiapa