Cameroun: indignation du Redhac sur la restriction de l’espace civique

0
86

Mardi 19 septembre 2023 a marqué la rentrée solennelle du Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale (REDHAC). Au cours d’un point de presse pour la circonstance, les membres du Réseau ont dressé un tableau sur la situation des Droits humains dans les pays de l’Afrique centrale.

La somptueuse et nouvelle salle de conférences du REDHAC  à Douala a servi de cadre au point de presse. Maximilienne Ngo Mbe, Directrice Exécutive, Me Alice Nkom, PCA du REDHAC et Dora Sende du COFEPRE, Me Fenelon Mahop Sen, étaient face aux hommes et femmes de médias. «Nous sommes heureux de vous accueillir dans cette nouvelle salle de conférences du REDHAC. Vous avez certainement remarqué que le REDHAC est un peu resté silencieux ces derniers temps. Après l’incendie de nos locaux qui a détruit une partie de nos archives le 26 janvier 2020. Nous voulions reconstituer notre documentation, donner un espace aux associations pour leurs réunions et enfin doter les journalistes, les chercheurs, les doctorants et les stagiaires d’un espace de travail avec une bibliothèque dans un environnement calme. C’est fait et vous y êtes. Vous pouvez les utiliser désormais sans modération», a lancé de prime abord la Directrice Exécutive du REDHAC.

Ces derniers mois, le REDHAC s’est pleinement mobilisé dans les pays engagés dans un processus électoral tels que le GABON, la RDC, les pays en conflits, le CAMEROUN et le TCHAD, poursuit Maximilienne Ngo Mbe. S’agissant du pays des Lions Indomptables, la situation est peu reluisante. «La restriction de l’espace civique: ces derniers 6 mois, plus de 30 réunions y compris certaines dans des domiciles privés, ont été interdites. Autant de restrictions de l’espace qui caractérisent les atteintes au droit à la liberté d’expression et d’opinion, à l’accès à l’information, et aboutissent souvent à des arrestations et détentions arbitraires», constatent les conférenciers pour qui, certaines autorités administratives ont, de fait, transformé “le régime de déclaration” des réunions conformément à la loi numéro 90/055 du 19 décembre 1990 en “régime d’autorisation”. Ceci, sous «le prétexte constant de “menaces de troubles à l’ordre public”. Ces atteintes témoignent d’un environnement ferme et frileux à l’espace civique», décrie le panel.

Alerte

Par ailleurs, les arrestations souvent sans mandat ni justification effectuées par des policiers en civil, les traitements dégradants que subissent les victimes (au rang desquelles les DDH, les journalistes), les disparitions subites, les exécutions extrajudiciaires, la surpopulation carcérale, les enquêtes non abouties s’agissant des assassinats de Martinez ZOGO, Jean Jacques OLA BEBE, la disparition du corps du journaliste Wazizi depuis son décès en juin 2020 et du défenseur Mowha Franklin depuis 2018, sont des points abordés lors de la rencontre d’hier. 

Ce n’est pas tout. La reprise des attaques de Boko haram dans l’Extrême-nord, la recrudescence de la violence par les attaques des séparatistes dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, les menaces que subissent des enseignants qui réclament leurs droits, les batailles pour l’alternance au sommet de l’Etat, ont aussi été mis en lumière par le REDHAC.

Recommandations

Fort de cela: «nous demandons au gouvernement du Cameroun d’enquêter systématiquement sur les menaces et les représailles venant de toutes parts contre les journalistes et les défenseurs; de condamner les coupables et assurer les réparations matérielles et psychologiques des victimes; Enquêter sur l’assassinat du journaliste Ola BEBE; Procéder à la liberation des prisonniers d’opinion incarcérés depuis 2020 et assurer aux prévenus des régions anglophones les procès équitables». Les membres du Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale souhaitent l’adoption de la loi pour la dépénalisation des délits de presse et la loi portant “Protection des défenseurs des Droits Humains” (DDH).

Ils voudraient que l’on mette fin à l’utilisation du tribunal militaire contre les civils et que l’on réécrive la Loi de 2014 portant repression des actes de terrorisme. Enfin le REDHAC demande au Chef de l’Etat, Chef suprême des armées de d’instruire d’envoyer les civils devant les tribunaux d’ordre judiciaire et non devant les tribunaux militaires qui sont purement pour des infractions militaires.

La Direction

Leave a reply