Chrétien Kuetche Talla : «Le don de sang est un acte d’altruisme»

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Le président national de l’Association des donneurs bénévoles de sang de rhésus négatifs (Adoben) rappelle qu’il faut continuer de donner son sang pour sauver des vies humains car, dit-il, d’après l’Organisation mondiale de la santé, on devrait pouvoir résoudre tous les problèmes relatifs au don du sang de manière que personne ne meurt plus à cause du manque de sang.

Quand et où peut-on faire un don de sang de façon ordinaire, en dehors de la Journée mondiale du donneur de sang célébrée le 14 juin de chaque année?

D’après la politique nationale, la loi signée par le Président de la République, adoptée par l’Assemblée nationale, on devrait aller faire un don de sang dans chaque hôpital disposant d’une banque de sang sous le contrôle du Programme national et du Ministère de la Santé publique, régulièrement, chaque jour quand on est disponible. Il faut que l’opinion publique sache que toute personne âgée de 18 à 65 ans, pesant au moins 50 kilos, ayant une bonne santé physique, peut se diriger en temps réel dans une banque de sang en fonction de son programme pour sauver une vie en donnant un peu de son sang.
Il se pose toujours un problème de déficit criard de poches de sang dans les formations sanitaires, malgré les sensibilisations, qu’est ce qui explique cela?
Il y a eu une amélioration. Il faut croire en la République du Cameroun. Il faut avoir la Foi aux institutions républicaines. Le besoin national en poches de sang est de 400 000 poches de sang par an pour couvrir la demande actuelle pour les hôpitaux publics déclarés. On est passé de 60 000 à plus de 90 000 poches. Il y a encore beaucoup à faire. Vous constaterez la différence et pour combler ce déficit, seuls vous et nous, vous les médias, nous pouvons le combler en informant le public car beaucoup ne sont pas au courant du bien fondé du don du sang. Nous faisons la collecte du sang et sensibilisons à Adoben. Je saisis l’occasion pour remercier votre média pour tout ce que vous faites pour les Camerounais en général et en particulier dans le domaine de la santé publique au Cameroun. Nous comptons davantage sur vous pour relayer l’information autour de la nécessité de sauver des vies.
Depuis quand existe l’Adoben?
Cela fait 23 ans que Adoben existe. Elle a été créée en 2000. Je sensibilise et je mobilise les donneurs pour le compte des banques de sang de l’hôpital Laquintinie, l’hôpital général, l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique, l’hôpital de Bonassama à Douala., etc.
Des témoins de Jéhovah s’insurgent contre le don ou la transfusion sanguine, est-ce un point de vue à prendre en considération?
Le don de sang est un acte d’altruisme. Lorsqu’il y a une anémie sévère, seul un sang humain peut sauver la vie d’une nécessité. Il s’agit d’un drépano, d’un hémophile, des personnes atteintes du cancer, des malades en salle de dialyse, des personnes en salle d’opération de pouvoir accoucher par voie basse, des enfants de 0 à 5 ans anémiés soit à cause du paludisme ou d’une pathologie quelconque. En ce qui concerne les Témoins de Jéhovah que je respecte beaucoup, nous voyons que comme Jésus-Christ sur la croix, Dieu a donné un peu de son sang pour nous sauver. Si nous partons sur ce que le Seigneur nous a donné et nous prélevons un peu de notre sang pour sauver une vie, nous aurons fait un acte de bonté, de charité devant le Seigneur.
Quelles sont les actions menées jusqu’ici par Adoben lors des catastrophes?
Adoben oeuvre beaucoup. Personnellement, j’ai fait 52 dons de sang en 16 ans à raison de trois à quatre fois par an, suivant les disponibilités. Ailleurs sur d’autres cieux, je devais mériter un peu plus c.-à-d avoir la plus grande distinction remise soit par Son Excellence Mr le Ministre de la Santé, soit par la secrétaire permanente du programme national de transfusion sanguine ou par le Président de la République. Toutefois, je remercie beaucoup le ciel car Adoben a grandi. Nous avons été légalisés, nous avons une convention cadre avec l’Etat du Cameroun via le Ministère de la Santé. Adoben a sensibilisé et mobilisé plus de 500 personnes à Laquintinie pour la catastrophe d’Eseka. Adoben a sensibilisé à l’hôpital de Bonassama et a permis la collecte de plus de 29 poches de sang. Le document statistique à cet effet est cosigné avec les hôpitaux en question. A Yassa, l’hôpital gynéco obstétrique, Adoben y a éduqué 18 personnes qui ont donné de leur sang volontairement après présélection. Cela fait une moyenne d’environ 549 poches pour la catastrophe d’Eseka. En 6 ans Adoben a, grâce à sa sensibilisation, apporté 3500 poches de sang dans les banques du sang du Cameroun. Soit près de 3000 personnes sauvées grâce à la collecte de sang à l’issue du drame d’Eseka. Nous avons sauvé des vies et tant que le Seigneur nous donnera la force, nous travaillerons toujours malgré les obstacles rencontrés.
Que gagne un donneur de sang ?

Lorsque vous venez pour donner de votre sang, on vous présélectionne en fonction des conditions suivantes : avoir entre 18 et 59 ans; -peser au moins 50 kg; – avoir une bonne tension artérielle. Ces trois premiers critères éliminent beaucoup de personnes. Ensuite, une femme enceinte, qui allaite, qui est à l’état de menstruation ne peut pas faire un don de sang. Pareil pour quelqu’un qui est sous traitement d’Ibuprofen, qui a été opéré, etc. Il y a des critères de sélection. Quand bien même vous avez une bonne tension artérielle, votre poids correspond et votre âge, on vérifie votre taux d’hémoglobine. Après on vous fait gratuitement six examens biologiques: le test du groupe sanguin par système Abo avec facteur rhésus, hépatite virale B, hépatite virale C, Syphilis, tests de Vih 1 et 2. En plus de cela, l’hôpital de Bafoussam, pour sa part, fait le test d’électrophorèse d’hémoglobine. Autant d’examens qui, en temps normal, coûtent pas moins de 50 000 Fcfa voire plus. Vous voyez donc déjà le gain. Vous gagnez un bilan gratuit par don de sang. Ce n’est pas tout. Quand vous donnez de votre sang trois fois espacés de 90 jours, vous avez droit à une carte nationale de transfusion sanguine qui existe depuis le 8 juillet 2016. La première carte est blanche et elle est donc donnée à un individu qui a fait trois dons consécutifs. Par la suite, on la lui retire et lui donne la carte jaune s’il a fait 7 dons étalés sur deux ans. Pour 10 dons, c’est la carte golf. Par ailleurs pour toute collecte faite par Adoben, l’association demande toujours l’autorisation des autorités compétentes de la région concernée. Adoben a une lettre d’accord de collaboration avec le Ministère de la santé et une convention cadre qui lie l’association au programme national de transfusion sanguine. Nous travaillons toujours dans la légalité.
Que faites-vous de vos rapports après chaque collecte?
Tous nos rapports concernant les collectes dans les divers hôpitaux publics sont déposés entre autres et en fonction des régions chez les autorités administratives dont le Gouverneur, le délégué régional de la santé, au programme de la transfusion sanguine, au Ministère de la santé. Nous remercions ceux qui partent de chez eux pour se rendre dans des hôpitaux qui disposent d’une banque de sang reconnue par le Programme de transfusion sanguine. Pour l’heure, nous faisons des propositions au Ministère de la Santé pour qu’il gratifie, même si c’est par un parchemin, les donneurs de sang qui se sont distingués. Nous avons fait la proposition et déposé par voie de fait au sommet.
Entretien avec Linda Mbiapa

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