Combattre les Masculinités militarisées : les professionnels des médias appelés à s’engager pour la construction de la paix au Cameroun
Les professionnels de médias, Sylvie Jacqueline Ndongmo la Présidente internationale de WILPF, les membres de WILPF Cameroon, ont pris part à une formation des professionnels des médias sur les masculinités et l’Agenda femmes, paix et sécurité. L’activité a eu lieu jeudi 5 septembre 2024 à Yaoundé.
Venus des régions de l’Est, de l’Ouest, du Littoral, du Centre, c’est avec un intérêt particulier que les professionnels des médias ont suivi les différents exposés et ont participé aux travaux de groupes ayant résulté sur plusieurs recommandations.
Mais avant pour comprendre le pourquoi d’une telle rencontre, Nathalie WOKAM FOKO, Présidente de WILPF Cameroon explique : «Notre pays est depuis quelques années sous les soubresauts de la violence et des conflits armés : la crise à l’Est du Cameroun avec l’afflux massif des réfugiés centrafricains, l’insurrection de Boko Haram qui menace les régions du Grand Nord, la crise dite Anglophone dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest et ses impacts dans les régions de l’Ouest, du Centre et du Littoral. L’une des causes profondes de ces conflits est la prédominance sans cesse croissante du pouvoir masculin, une attitude qui au fil du temps a établi la force, la violence, y compris la violence armée, comme moyen d’expression des hommes. C’est ce qu’on entend généralement par « masculinité militarisée ». Pour analyser les masculinités, WILPF au niveau mondial, mène depuis juillet 2020 une recherche pour comprendre davantage ses causes, ses manifestations, ses implications, afin de proposer des stratégies pour y faire face et amener les hommes à utiliser leur pouvoir pour la paix (masculinité positive) ».
Elle continue en indiquant que la recherche a été menée dans les pays pilotes suivants : Afghanistan, Cameroun, Colombie, République Démocratique du Congo ; auxquels se sont ajoutés la RCA, le Liban, le Nigeria, le Sri Lanka, le Soudan et le Zimbabwe.
« In Cameroon, our work to date has focused on research, advocacy and building alliances with various actors to work in synergy on this issue. That Workshop is part of the latter effort. Its aim is to identify levers for training and collaboration with media professionals, in order to strengthen their understanding of masculinities, provide the public with information and encourage the design of programs aimed at educating the population to prevent militarized masculinities and Gender-based violence. This is relevant to us, because some of the alarming characteristics associated with masculinity include men’s violent behavior, particularly towards women ; expressed in the growing number of Feminicides. Yet boys and men have a role to play in promoting and building peace. According to the baseline study conducted by WILPF Cameroon on assessing the level of knowledge of resolution 1325 and the impact of armed conflict on women and girls in Cameroon (2017), men and women are all holders of power, men generally use theirs violently, which is at the root of injustices ; while women use their power for peace promotion and conflict resolution. The expected outcome of the current project is for men and women to use their power together in the service of a lasting peace, beneficial to all ; the role of the media in this quest being essential ».
Réactions
Fort de ce qui précède, les travaux « ont permis de mieux saisir les stratégies, les bonnes pratiques, les défis liés à la construction de la paix et ce qui est attendu des médias. Nous avons apprécié les présentations de Guy Feugap, Mmfp national project coordination, Comfort Moussa, journalist, SisterSpeak237, Sylvie Jacqueline Ndongmo, international Président of Wilpf. Sans oublier la bonne modération de Alphonse Jenè au niveau des group Work », note Élisabeth, une participante.
Plus loin, Glwadis Mbenda va dire : « le thème de cet atelier a porté sur l’engagement des hommes et femmes des médias dans la construction de la paix au Cameroun. De tout ce qui a été fait et dit, au sortir des travaux, nous sommes en mesure non seulement d’approfondir nos connaissances sur la résolution 1325 CSNU et l’agenda Femmes, paix et sécurité, mais également de comprendre la nécessité d’impliquer/de mobiliser les hommes et les garçons à jouer un rôle dans l’avancement de cet agenda au Cameroun pour faire face aux masculinités, y compris dans leur aspect militaire ».
A l’origine
Créé en 1915 par 1136 femmes au moment où la première Guerre mondiale faisait des ravages, WILPF est la plus ancienne Organisation des femmes œuvrant pour la paix dans le monde. Face aux multiples dégâts de la guerre, ces femmes ont créé WILPF pour dire NON à la guerre. Au-delà, WILPF pense que la construction d’une paix durable passe par l’interrogation des causes profondes de la guerre afin d’y apporter des solutions durables. La section du Cameroun a été installée en janvier 2014, sa vision est celle d’un Cameroun sans violence et conflits armés où les droits humains sont protégés, à travers des processus qui impliquent les femmes à tous les niveaux. Sa mission au Cameroun et en Afrique est de contribuer à la stabilité de la paix sociale par la construction d’un mouvement de femmes artisanes de paix afin de prévenir la guerre et s’assurer que les femmes soient représentées à tous les niveaux dans le processus de consolidation de la paix, pour défendre les droits des Femmes, et promouvoir la justice sociale, économique et politique.
Linda Mbiapa de retour de Yaoundé