Santé et dignité menstruelles : On en parle au Cameroun avec le projet « Sang Pour Sang Dignité »

La santé et la dignité menstruelles désignent le droit de chacun.e de gérer ses règles de manière saine et digne, en ayant accès à des protections hygiéniques abordables, à des installations sanitaires adéquates et à une éducation sur le sujet, tout en étant libre de la honte et de la stigmatisation. Ce concept est une question de santé, d’égalité de genre et de droits humains, qui permet aux individus de participer pleinement à la vie sociale et scolaire sans obstacles.
« Au Cameroun, les personnes qui menstruent font face à de nombreux obstacles dans l’accès aux soins de santé de qualité. Les stigmatisations, le manque de formation des professionnel·les de santé et les lois créent un climat de méfiance et de peur. Les besoins spécifiques en santé menstruelle des personnes vulnérables sont souvent ignorés ou mal compris ». Ces mots sont de l’organisation à but non lucratif ELLES Cameroun basée à Douala.
Voilà qui justifie l’atelier de formation des professionnel·les de santé allié·es à l’approche bienveillante et inclusive des besoins en santé et dignité des personnes qui menstrues. Il a été organisé les 5 et 6 septembre 2025 dans la capitale économique du Cameroun, au lieu dit Bépanda Peuple.
Une initiative de l’association féministe intersectionnelle ELLES Cameroun. À en croire la présidente, Pegguy Ngangue : « dans le cadre du projet « Sang Pour Sang Dignité», nous avons voulu une telle formation avec comme objectif d’améliorer la qualité de la prise en charge médicale des personnes qui menstruent, en renforçant les professionnel·les de santé et du milieu carcéral aux concepts de l’approche bienveillante et inclusive, sensibiliser la cible aux réalités et aux défis des communautés qui menstruents au Cameroun, fournir des connaissances approfondies sur les besoins spécifiques en santé et dignité menstruelles pour ces personnes vulnérables, développer les compétences des participant·es en communication inclusive et en accueil bienveillant, faciliter la création d’un réseau de professionnel·les de santé allié·es et engagé·es ».
À noter qu’en dehors des acteurs de la santé, ont pris part à cette activité des cadres du ministère de la jeunesse et de l’éducation civique, du ministère de la promotion de la femme et de la famille et des professionnels de médias. Dans une méthode interactive, les participants ont écouté le panel avec en prime Dr Ekwa et Dr Vanessa et l’équipe d’ELLES Cameroun. « J’ai beaucoup apprécié les modules de cette formation. Notamment : la dignité menstruelle inclusive, la prise en charge clinique, le plaidoyer sanitaire et mini projet, l’intervention en milieu sensible. Ce sont des sujets dont on parle peu en public et qui plus est autour d’un atelier. C’est innovant et je remercie ELLES Cameroun pour m’avoir associé à un évènement aussi particulier », déclare Glwadis Nana.
Sa voisine Yvonne, une autre participante dit avoir été marquée par « l’approche participative adoptée par les conférenciers basée sur les principes de l’éducation populaire, les sessions de présentations, des études de cas pratiques, des jeux de rôle et des discussions en petits groupes ».
Au finish et dans une ambiance bon enfant, la majorité des personnes présentes soutiennent désormais être en mesure, après deux jours de travaux, d’identifier et comprendre les enjeux liés à l’accès aux soins de santé et dignité pour les personnes qui menstruent au Cameroun, d’appliquer une approche bienveillante et inclusive dans leur pratique professionnelle, d’intégrer les besoins en santé menstruelle des personnes qui menstruent dans leurs diagnostics et leurs traitements et surtout de devenir des alliés actifs de la communauté en créant un climat de confiance et de respect.
William Mvogo