Stéphanie Koagne : « Soyons des ambassadeurs de la langue des signes. Vulgarisons les moyens de communication des sourds »
La Présidente de l’association 2ADJA (Appui et Aide au Développement des jeunes en Afrique) également Promotrice de l’Institut de Formation professionnelle et des Techniques Appliquées (IFPTA) s’est exprimée samedi 3 août 2024 à Douala.
C’était dans le cadre d’une formation gratuite sous le thème : « Comment communiquer avec les sourds-muets en utilisant le langage des signes ».
La surdité (sourds, malentendants, devenus sourds…) se définit comme étant la perte partielle ou totale de l’audition. Aussi, l’insertion des personnes sourdes dans le monde professionnel et social n’a pas pour seul obstacle les difficultés qu’elles rencontrent pour communiquer avec les entendants.
Le plus souvent, elle résulte d’une connaissance insuffisante de la surdité par leur entourage. Il existe manifestement certaines idées reçues sur ce qu’est la surdité, l’apport des appareils auditifs, l’utilisation de l’oral et de la langue des signes, la lecture sur les lèvres. La surdité dérange parfois car les personnes entendantes, confrontées à leur propre incapacité à communiquer avec une personne sourde, peuvent se sentir handicapées.
C’est pour changer de paradigme que : « nous avons lancé une campagne d’assistance et d’aide non seulement aux personnes vulnérables, mais aussi aux personnes qui sont vraiment dans le besoin. Nous avons visité des Orphelinats, assisté des handicapés, ceux de la rue. Sans oublier de nombreux projets en vue dans les prisons. C’est dans cette lancée que nous avons demandé aux handicapés la couche qui est vraiment dans le plus grand besoin d’assistance, le président des handicapés a parlé des sourds et malentendants. A partir d’une étude de terrain sur les écoles des sourds, une a paru vraiment en soif de soutien : c’est le Centre d’alphabétisation fonctionnel pour déficients auditifs (CAFDA). Nous nous sommes associés à ce Centre. Une descente au CAFDA nous a montré que malgré leur handicap, les enfants sont très intelligents. Nous avons été très émus par la volonté des jeunes de se former bien qu’ils soient rejetés parfois par la société. Nous sommes sortis de là avec l’idée de faire quelque chose. Nous devons tous apprendre la langue des signes », indique Stéphanie Koagne.
Pour sa part, Dimitri Fokou, éducateur spécialiste au Centre d’alphabétisation fonctionnel pour déficients auditifs (CAFDA) va lancer : « Le Centre est situé à Bilongue dans Douala 3. Il est question pour nous d’enseigner les langues des signes aux parents des enfants sourds et à tous les citoyens. Il faut que les gens comprennent la nécessité de communiquer avec la cible. Nous avons constaté que des parents ayant des enfants sourds n’arrivent pas à communiquer et quand ils viennent au CAFDA, surtout pour les familles monoparentales, les enfants sont délaissés, abandonnés. La charge difficile retombe sur les enseignants. C’est la raison qui justifie la formation initiée le 3 août 2024 qui vise à vulgariser le langage des sourds. Notre objectif est que même en route, en face d’un sourd que toute personne puisse échanger avec lui, question de faciliter l’inclusion sociale des sourds. Ces derniers sont trop isolés dans la société. Pourtant, la surdité n’est pas une fatalité ».
Heureuses d’être présentes à la formation de samedi dernier, Maman Gertrude et sa sœur témoignent : « nous avons pris connaissance de l’alphabet de la LSF en dactylologie, pareil pour les chiffres de 1 à 50 en langage des sourds. La formation a été technique et riche en leçons pour nous qui peinons à dialoguer avec les sourds. Nous avons appris qu’on ne naît pas forcément sourd, mais on le devient par des circonstances de la vie. Nous disons merci au formateur, merci à 2ADJA. Vivement que des occasions pareilles se multiplient ».
En rappel, Appui et Aide au Développement des jeunes en Afrique (2ADJA) est une association apolitique et à but non lucratif. Elle a été créée le 1er juin 2009. Basée dans le troisième arrondissement de Douala, elle a comme objectifs : promouvoir les microprojets de développement en faveur de la jeunesse et des couches vulnérables ; promouvoir l’assistance et la solidarité envers les personnes victimes des conflits ou des catastrophes naturelles ; encourager le renforcement des capacités aux petits métiers en vue de l’insertion socioprofessionnelle et économique des Jeunes et des Femmes sans emploi ; promouvoir l’appropriation des technologies de l’information et de la communication (TIC) et l’intelligence artificielle (IA) par la jeunesse au Cameroun et en Afrique en général.
Linda Mbiapa