Analyse: quand des ONG sabotent la noble cause des Droits de l’homme dans le monde

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Les organisations non gouvernementales (ONG) qui sont ordinairement des associations nationales qui déploient leurs activités dans plusieurs pays ou des associations dont les membres sont issus de plusieurs pays, ne sont pas très différentes des organisations de la société civile nationales. Hubert Védrine l’ancien ministre français des Affaires étrangères classe les quelque trente mille ONG qu’il a recensées de par le monde en plusieurs catégories, dans son livre intitulé Les cartes de la France à l’heure de la mondialisation. Il écrit qu’« on y rencontre tout, le meilleur et le reste: la générosité, le dévouement, les réseaux, le militantisme, les intérêts, les lobbies, les croyances et bien des pouvoirs réels déguisés » (p. 20); de sorte que, sans discernement dans ce paysage, on prendra très souvent des vessies pour des lanternes, d’autant que les « hiérarchies de puissances » et les « rapports de force mondiaux » s’y retrouvent: « [c]e sont donc, [explique-t-il,] les sociétés civiles et les ONG issues des pays riches, ultra-médiatisées, disposant de moyens pour communiquer, et donc du pouvoir d’imposer leur lecture d’un événement, qui exerceront le maximum d’influence dans le monde : l’américaine, pas celle du Niger, de la Bolivie ou du Bangladesh ! Ce ne sont pas les ONG du Nigeria qui interviendront en Irlande du Nord ou manifesteront à Seattle ! » (ibid.).

Quoiqu’il, en soit, les ONG sont souvent les vecteurs de biais spécifiques qui faussent la compréhension et parfois sabotent durablement la noble cause des Droits de l’homme partout dans le monde.

1-L’idée saugrenue que l’État serait le seul détenteur des obligations en matière de Droits de l’homme, puisque c’est lui seul qui signe les traités; ce qui signifie que le coupable désigné et l’unique responsable du non-respect des Droits de l’homme dans un pays est l’Etat; on oublie ainsi la dimension horizontale des Droits de l’homme. 

2-L’idée erronée que les prononcés des mécanismes non juridictionnels régionaux et universels des Droits de l’homme sont néanmoins obligatoires.

3-L’idée erronée que les normes relatives aux Droits de l’homme sont des dogmes absolus qui s’appliquent de manière uniforme dans tous les pays et n’admettent aucune dérogation ni exception ou que l’État doit les appliquer sous peine d’être traité d’État voyou, au mépris de la « marge nationale d’appréciation des autorités nationales », consacrée par la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’homme et en totale méconnaissance du fait que même la conception occidentale des Droits de l’homme n’est pas uniforme et qu’ainsi, en matière de respect de la vie privée, aux États-Unis la liberté prime sur la dignité, tandis qu’en Europe, c’est l’inverse.

4-Le non-respect de la proportionnalité : statistiquement, les acteurs non étatiques sont auteurs de la majorité des atteintes aux Droits de l’homme. Pourtant, la majeure partie et la majorité des rapports des ONG internationales les plus connues sont consacrés aux allégations de non-respect de Droits de l’homme imputées aux États.

Pr. James Mouangue Kobila

 

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