Développement économique du Cameroun: la transformation industrielle au coeur des échanges

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Produire au Cameroun et transformer sur place via des outils mécaniques pour un meilleur rendement. Telle est la vision du Groupement des acteurs pour la promotion de la récupération, la production, la transformation et de l’industrialisation de l’économie locale (Gapptiel) qui a tenu mercredi 11 octobre 2023 à Douala sa 1ere assemblée générale constitutive.

C’est une assemblée constitutive qui marque la naissance du Groupement des acteurs pour la promotion de la récupération, la production, la transformation et de l’industrialisation de l’économie locale (Gapptiel). Les membres travaillent depuis un an mais c’est mercredi 11 octobre 2023 que le bureau a été mis en place. Il est question d’amener toutes les couches sociales à utiliser les outils mécaniques pour avoir un grand rendement, pour produire plus sans trop souffrir. Ce qui passe par une forte sensibilisation des chefs d’entreprises, des entrepreneurs désireux de créer des richesses et emplois. Ils sont nombreux à avoir répondu à l’appel du Gapptiel dont le comité d’organisation était composé entre autres de Carlos Yemeli, René Koumetio, Louise Tala, Jean Claude Dongmo Tanda. 

Les échanges ont porté sur la présentation des statuts du  Gapptiel; la place de la transformation industrielle dans le développement de l’Afrique en général et du Cameroun singulièrement. A l’issue des travaux en ateliers, les participants très enthousiastes ont fait le choix de leur représentant et du bureau. Pour mieux comprendre ce qui s’est passé mercredi dernier à Douala, le promoteur de Gapptiel Jean Claude Dongmo Tanda explique: « il est question de mettre notre pays sur la rampe de lancement pour que dans 5 ou 10 ans, on devienne un vrai pays industrialisé. J’ai passé 25 ans de ma vie à voyager, à faire de l’espionnage économique et industriel. En Asie, j’ai constaté que leur modèle de développement est différent des modèles européen et japonais. Leur modèle est beaucoup plus basé sur la transformation à la base. Dans chaque secteur d’activité en Asie, on fait tout pour que chaque ressource soit transformée à toutes les échelles. Voilà ce qui nous anime à venir partager cette expérience pour qu’ensemble nous impulsions le développement de notre pays à  partir de la base ».

Emergence à l’horizon 2035

Autrement dit, poursuit l’interlocuteur, il s’agit de faire « de nos communautés locales des points de production industrielle à moyenne échelle, parce que créer une usine à 60 milliards de Fcfa, ça peut chuter, ça peut faire faillite. Par contre si on donne 10 milliards à 1000 personnes, on peut produire en petites quantités et fournir les gens. Autre chose que j’ai constaté: la plupart des produits qu’on achète en Chine pour venir construire au Cameroun ne sortent pas dans des grosses usines. C’est fait par de petits gens qui ont des petites machines et où chacun produit à petite échelle. A la fin, on a un conteneur de marchandises. Le Cameroun peut faire pareil ».

Jean Claude Dongmo Tanda soutient: « On a des hommes. On a juste besoin des outils et ces outils sont adaptés à la bourse de tous. Si vous avez 100 000 Fcfa, on fabrique une machine de 100 000. Si vous avez un million, on fabrique une machine d’un million. La différence entre les deux est que le second produit mille pièces par heure et le premier 10 pièces par heure. Si dans un village, on est 50 à produire, nous avons les mêmes rendements qu’une industrie qui investit 50 milliards pour travailler. Voilà l’offre que nous voulons proposer à notre pays pour atteindre rapidement l’émergence à l’horizon 2035 ».

Avec ce modèle de développement, Gapptiel estime que toutes les filières sont concernées au Cameroun. Aucune matière première n’est exclue. Il suffit de fournir les machines. Senator Charles Nana, diaspora camerounaise aux USA va plus loin: « ce projet est très intéressant car ce qui nous manque en Afrique c’est la capacité de partir d’un produit agricole pure à la transformation. Nous produisons des matières premières en Afrique, des produits mais nous sommes incapables de les transformer. Si ce projet prend véritablement son envol et marche au Cameroun, nous serons non seulement les producteurs des produits mais nous allons les transformer en y ajoutant de la valeur. C’est incompréhensif que nous créons le Cacao, nous vendons le cacao à presque rien mais dès que le Blanc le transforme en chocolat et l’apporte ici, nous achetons le chocolat à des prix inacceptables. Nous demandons au gouvernement d’accompagner ces jeunes ingénieurs qui veulent fabriquer des machines pour aider les producteurs africains. Nous en avons besoin ». 

Le gouvernement appelé à s’investir dans les machines de transformation des produits locaux

Par ailleurs, ingénieur de conception américain, Charles Nana dit être le premier africain aux USA à avoir postulé pour un poste de sénateur aux USA. Fier il lance: «le Cameroun c’est le chez nous. Le gouvernement doit accompagner les enfants camerounais à développer les équipements et les machines pour transformer nos produits. On n’a plus besoin d’envoyer notre cacao, notre café en Europe. Nous pouvons produire, transformer tout sur place. Créer des machines pour transformer nos propres produits, c’est cela l’idée de Gapptiel et nous allons non seulement mettre la pression au gouvernement camerounais pour soutenir Gapptiel mais nous allons aussi chercher des partenaires américains. C’est ce que nous de la diaspora devons faire: chercher des partenaires américains pour investir dans ce projet et créer aussi des emplois ».

Collince Boda Tchakouna, ingénieur en réseau et télécommunications: « Cette initiative de Gapptiel est louable et futuriste pour l’avenir du Cameroun. Dès que Gapptiel va prendre corps, ça va transformer la vie des jeunes Camerounais et ça va impacter l’économie camerounaise voire l’Afrique centrale. Je suis très heureux de participer à cette première assemblée du groupe ».

Linda Mbiapa 

Publié dans le journal L’ÉQUATION

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