Dr Derick Kinang, Consultant sur les discours de haine/ Juriste ; Mrs Melvis Ngum Funiba, Coordinatrice de la Coalition-Pays Cameroon du Redhac ; Maître Mahop Sen, étaient face à la presse ce mardi 23 avril 2024 dans la somptueuse salle de conférences du Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale (Redhac).
Le motif : présenter au public via les médias une bande dessinée tirée de 2 histoires vraies au Cameroun et au Congo, réalisé par le Redhac et portant sur le discours de haine en ligne et hors ligne.
Réalisé pour le moment en français et en anglais « Counter Hate Speech / Contre le discours de haine en ligne et hors ligne », la bande dessinée prouve sa pertinence en fournissant un portail indispensable pour atténuer le discours de haine.
Ceci, rappellent les conférenciers, compte tenu du fait qu’une série de mesures ont été prises par les pouvoirs publics pour remédier à ce fléau. Comme en témoigne l’adoption de la de décembre 2019 modifiant certaines dispositions du Code pénal de 2016 au Cameroun visant à atténuer les discours de haine ; l’adoption de la loi de décembre 2010 sur la cybersécurité et la cybercriminalité ; la loi de juillet 2023 sur la Charte pour la protection des enfants en ligne ; le plan d’action stratégique de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, et plus encore.
On peut noter également l’article 292 du Code pénal de la République Centrafricaine ; la loi d’août 1994 sur le régime de la presse au Tchad, punissant le discours de haine.
Sans oublier la pléthore de législations internationales et régionales luttant contre les discours de haine dans les pays.
Quelle la plus value de cette bande dessinée ?
Pour le panel ce jour et même pour les auteurs de la bande dessinée : « ces lois et actions publiques ont été utiles mais se sont avérées insuffisantes, ce qui justifie notre présence aujourd’hui avec cette bande dessinée. Il s’agit là d’une œuvre qui dépeint la réalité du Cameroun et du Congo en proie à la montée du tribalisme, des clivages ethniques, de la xénophobie et de la discrimination, comme en témoignent les 2 personnages principaux dans l’ouvrage : Isnebou et Saweli ».
C’est donc une œuvre comique qui pourrait être considérée comme une intervention opportune car, comme le dit le contenu, « nous sommes un groupe de personnes ayant dans leur brouillard de nombreux Isnebou et Saweli, nous définissons une génération qui remet en question l’essence même de la dignité humaine, nous sommes tous des étrangers dans un pays qui engendre la division, le rejet et la haine et il est de notre responsabilité commune de naviguer ensemble dans l’esprit de la Stratégie et du Plan d’action des Nations Unies sur le discours de haine de mai 2019 » expliquent les rédacteurs de la bande dessinée.
Via leur action, ils disent s’attaquer aux causes profondes, aux moteurs et aux acteurs du discours de haine ; engager et soutenir les victimes du discours de haine et ne pas adopter la position du spectateur ; engager les médias ; mettre la technologie au service de la paix grâce à des innovations significatives qui encouragent une utilisation responsable des médias sociaux ; favoriser des sociétés pacifiques, inclusives et justes et surtout construire des synergies d’empathie, d’amour et de respect de la diversité qui définit notre existence commune indépendamment de nos origines, de notre appartenance ethnique, de notre couleur, de notre affiliation politique, etc.
Linda Mbiapa