Droits humains en péril: des Osc sous le joug des bailleurs de fonds

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Cinq obstacles font obstruction aux actions des Organisations de la société civile (Osc) qui militent pour les Droits de l’homme. L’un porte sur le piège des bailleurs de fonds. Ainsi déplore Pr James Mouangue Kobila en sa qualité d’universitaire, rattaché à l’Université de Douala.

Pour le président de la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun, le constat est alarmant: «Les organisations de la société civile (OSC) militent pour les Droits de l’homme avec des méthodes qui leur sont propres; mais leur action est souvent piégée par cinq biais. Notamment: le biais de la recherche des financements, la recherche des visas, le biais de l’incompétence, le biais politique, le biais de la manipulation consciente». Pr James Mouangue Kobila s’est exprimé au cours d’un forum organisé en Chine les 14 et 15 juin 2023. En présence de nombreux universitaires et chercheurs spécialisés.

En sa qualité d’universitaire, rattaché à l’Université de Douala, l’orateur explique que la recherche des financements conduit les Osc soit à exagérer la réalité pour espérer les financements voulus, soit à tenir le langage et à travailler sur les thématiques prioritaires des bailleurs de fonds et non sur celles qu’elles jugent pertinentes ni sur celles du pays où elles déploient leurs activités; «c’est ainsi que certaines OSC, loin, d’agir par conviction ou dans l’intérêt des populations qu’elles prétendent protéger, se font les relais ou se transforment en perroquets qui se contentent de répéter les discours dictés par les bailleurs de fonds. Il y a le biais de la recherche des visas pour leurs membres ou pour leurs proches ou encore pour des tiers contre rémunération, en les présentant comme des personnes persécutées par les États».

Batailles absurdes

Concernant l’incompétence, le président de la CDHC estime que ce biais conduit les Osc parfois à mener des batailles absurdes. Viennent ensuite «Le biais politique qui amène certaines OSC à trahir l’intégrité du défenseur des Droits de l’homme en adhérant à des plates-formes de partis politiques ou en portant des demandes politiques. Le biais de la manipulation consciente qui consiste souvent à faire passer des actes de répression pénale légitimes de l’État pour des actes de persécution d’une catégorie de citoyens».

Recommandations

Dès lors qu’il est néanmoins incontestable que les Droits de l’homme sont l’un des principes fondateurs des sociétés modernes, Pr. James Mouangue Kobila formule ces quatre recommandations ci-après. La généralisation de l’approche basée sur les Droits de l’homme; La généralisation de l’éducation aux Droits de l’homme dans les programmes scolaires comme levier majeur d’une meilleure gouvernance des Droits de l’homme; La mise en place de mécanismes de financement des projets de Droits de l’homme qui mettent notamment l’accent sur les Droits économiques, sociaux et culturels; La mise en place d’un cadre interactif pour encourager le partage d’expériences et de bonnes pratiques entre les INDH des pays du Sud. «Comme l’a bien vu Fréderico MAYOR, ancien Directeur général de l’UNESCO, “c’est dans l’esprit des gens que naît la guerre et c’est dans l’esprit des gens qu’il faut cultiver les valeurs de la paix”. Soyons-en les artisans!», conclut le président de la CDHC acclamé par l’assistance.

Linda Mbiapa 

Publié dans le journal L’ÉQUATION

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