Maxime Bissay: « L’arrêté préfectoral signé le 16 juillet 2024 par le préfet du département du Mfoudi est une mesure assez surprenante ; avec de pareilles pratiques nous sommes loin du discours du Président de la République qui prône la Paix et le vivre ensemble »

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Le Coordonnateur national d’Acat-Cameroun, Maxime Bissay a été approché par La Sirène Infos relativement à l’arrêté préfectoral du Mfoundi signé le 16 juillet 2024.

A noter que L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat-Cameroun) est une organisation de défense des droits de l’homme et de promotion de la justice sociale au Cameroun depuis 1993. Non partisane et indépendante du gouvernement, l’Acat-Cameroun œuvre pour l’abolition de la torture et les mauvais traitements et peines cruelles et inhumaines sous toutes leurs formes.

Que pensez-vous de l’arrêté préfectoral signé le 16 juillet 2024 portant interdiction de séjour temporaire dans le département du Mfoundi ?

L’arrêté préfectoral signé le 16 juillet 2024 par le préfet du département du Mfoudi est une mesure assez surprenante ; Elle laisse apparaître une attitude de terreur et de panique au sein de l’appareil dirigeant ; Elle justifie à suffisance la violence et la répression dans lesquelles vivent les Camerounais au quotidien. C’est une mesure qui ramène l’Etat du Cameroun à 40 ans en arrière. Il est décevant de voir nos dirigeants prendre de telles mesures en 2024. C’est une honte pour nous qui avons certaines connexions à l’échiquier international où il nous arrive de vanter par moment ce pays.

C’est tout simplement pitoyable.

D’après le président d’ACAT, est-ce une décision qui favorise la cohésion sociale et la paix tant prônée par le Chef de l’Etat, S.E. Paul Biya ?

L’une des caractéristiques de la cohésion sociale et la paix, voire du vivre ensemble est le respect des articles 13 et 19 de la déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui stipulent respectivement : article 13 « 1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat » ; article 19 « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».

Comment peut-on se permettre de frapper d’interdiction de séjour dans un espace quelconque de la République, un citoyen qui jouit de tous ses droits ; Et plus encore, de réduire au silence tout individu. Cet arrêté nous rappelle certains comportements et agissements des autorités à l’époque coloniale alors que le Cameroun était à la quête de l’indépendance.

Non, avec de pareilles pratiques nous sommes loin du discours du Président de la République qui prône la Paix et le vivre ensemble.

Sommes-nous là dans un régime autoritaire ?

Nous sommes en droit de dire que le Cameroun est un régime autoritaire. Dans la mesure où un régime autoritaire se manifeste entre autre par la répression politique et l’exclusion des challengers potentiels, le recours à la terreur et la réduction au silence des populations. C’est ce que nous vivons et l’illustration en est faite avec cet arrêté du préfet de Mfoudi.

Quelle recommandation (s’il y en a) pourriez-vous faire en direction des autorités administratives et locales quand on sait que la tension est perceptible chez le bas peuple qui subit la cherté de la vie à tous les niveaux ?

Nous recommandons aux autorités administratives et locales, plus de retenue et de convenance ; elles doivent donner une réalité sensible aux discours de paix et de cohésion sociale et enfin de sortir de la bulle de la condescendance.

Avis pris par Linda Mbenda

 

 

 

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