Risque d’intoxication alimentaire causé par Congelcam: 9 conteneurs de poissons pourris en divagation

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Dans une alerte donnée par la RTC aux autorités compétentes sur l’enlèvement effectif de 11 conteneurs en catimini par Congelcam, aux dates du  13, 14, 17, 27, 30 juin 2023, seuls 2 conteneurs ont été rattrapés par la délégation du ministère des Pêches et des Industries Animales du Littoral. Pourtant ceux-ci ont été extraits par vague de deux, et puisés dans les 334 conteneurs de poissons pourris. La situation préoccupe aujourd’hui le Conseil National de la Consommation qui a tenu vendredi 21 juillet 2023 à Yaoundé, une réunion regroupant tous les acteurs concernés et dont les grands absents ont été Congelcam et l’Anor. 

L’indignation est grande aujourd’hui dans notre pays. Le risque sanitaire dû à la consommation de poissons pourris de Congelcam est effectif. 9 conteneurs sont aujourd’hui en divagation dans la République et pourraient se retrouver partout au Cameroun. C’est ce contexte qui préoccupe le Conseil National de la Consommation qui a tenu une importante réunion pour statuer sur « la qualité des produits Congelcam sur la marché ». Jacqueline Koa qui préside ce conseil, a déploré l’absence des acteurs majeurs qui devaient apporter des éclairages sur le sujet à l’instar de Congelcam, le principal incriminé, de même que l’Agence des Normes et de la Qualité qui devait ressortir les critères qui siéent dans ce genre de situation. On aurait dit que les deux entités se sont concertées pour briller par leurs absences alors qu’étaient présents le Ministère du Commerce, le Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales, le Ministère de l’Environnement et de la Protection de la nature, la RTC et toutes les associations des consommateurs. 

Avec un doigté d’expert, la présidente du Conseil a présenté la situation qui prévaut avant de donner la parole aux différents membres présents à ce conseil. Tout en déplorant l’absence des acteurs clés, le Dr Garga qui occupe le poste de Directeur au Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales a rendu public un rapport signé de plusieurs entités qui reconnaissaient la mauvaise foi de Congelcam dans ce contentieux. En fait, cette structure s’est fourrée le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. Sa situation de monopole lui a joué des tours au point où elle a commandé plus de 3000 conteneurs de poissons en 3 mois alors qu’elle n’a aucune capacité ni logistique opérationnelle. Et c’est là tout le mal qui a entraîné Congelcam à la dérive alors que maîtrisant les codes, accords, règlements et lois qui régissent la gouvernance portuaire, il a voulu se foutre de toutes les administrations qui agissent dans cette chaîne. 

Les révélations 

Cette affaire de poissons pourris de Congelcam démontre toute la mauvaise foi de cette entreprise qui s’est murée dans une escroquerie de fait, dans l’optique de pourrir l’existence des consommateurs et créer une intoxication alimentaire au Cameroun. Comment peut-on concevoir le fait qu’une structure comme Congelcam, fait sortir en catimini des conteneurs consignés dans un stock de 334 conteneurs de poissons pourris pour les mettre à la consommation des populations ? « Ils nous ont fait savoir qu’ils ne savaient pas que ces 11 conteneurs sortis faisaient partie du lot », a laissé entendre le Dr Garga du Minepia. Et comment peut-on comprendre qu’il ait reçu des documents de sortie de ces conteneurs alors que l’on savait ces stocks impropres à la consommation ? Silence et boule de gomme. L’on est ici en droit de comprendre que Congelcam s’est farci les faveurs de certains responsables des administrations pour bénéficier de ce genre d’égard. Cette structure ne veut pas perdre sur toute la ligne, tant il est constant que c’est en terme de plusieurs milliards de francs CFA que les pertes se chiffreraient. 

Aujourd’hui, le constat est criard. 11 conteneurs parmi les 334 conteneurs de poissons pourris stockés par l’importateur Congelés du Cameroun (Congelcam) au terminal à conteneurs du Port de Douala-Bonabéri ont été enlevés en catimini. 2 ont été retrouvés et 9 conteneurs ont disparu. Qui va trinquer dans ce cas de figure si ce n’est le consommateur qui le retrouvera sur sa table sans savoir que le produit est impropre à la consommation. 

Selon la présidente du Conseil national de la consommation, et les membres de ce conseil, il faut féliciter le Directeur de la Régie du Terminal à Conteneurs, qui en patriote et au regard de son caractère citoyen, a pris des dispositions, et toutes les dispositions pour éviter à Congelcam de tomber dans cette situation.  

Les responsables des administrations descendus sur le terrain sont unanimes sur la conduite à tenir face à cette situation qui aujourd’hui devrait interpeller les plus hautes hiérarchies. Et dans l’abondante  documentation générée à cet effet, Victor Vipan Banah, docteur vétérinaire et délégué régional du MINEPIA pour le Littoral dans sa correspondance au Directeur Général de la RTC, Dieudonné Lin Onana Ndoh dit : « Nous vous avons fait tenir le 19 juin 2023, le rapport final de l’inspection conjointe effectuée sur six cent trente-quatre (634) conteneurs frigorifiques objet du différend qui oppose la RTC à la société CONGELCAM S.A. D’après ce rapport. Parmi ces conteneurs, trois cent trente-quatre (334) ont été déclarés impropres à la consommation. Ainsi, ai-je l’honneur d’attirer votre attention sur le fait que ces 334 conteneurs sont placés sous saisies définitives et sont destinés éventuellement à la destruction sous l’encadrement des services vétérinaires. Les textes qui réglementent l’Inspection Sanitaire vétérinaire notamment l’article 20 de la loi N° 2000/017 du 19 décembre 2000 portant réglementation de l’inspection sanitaire vétérinaire prévoit une peine de prison et/ou une amende pour « celui qui vend, laisse vendre ou récupère en vue de sa consommation personnelle de la viande, des conserves saisies à l’inspection sanitaire et destinées à être détruites ». En aucun cas, ils ne peuvent être enlevés de la Régie du Terminal à Conteneurs pour un autre usage que la destruction, prescrit le responsable du Minepia. Et au moment où l’on constate aujourd’hui que 9 conteneurs soustraits du lot à détruire se retrouvent dans la nature, il est question pour toutes administrations de mettre Congelcam en déblais, aux fins de restituer les conteneurs en divagation. « Nous avons mis en mouvement toutes nos structures déconcentrées pour des descentes dans tous les points de ventes de Congelcam à travers le Cameroun pour procéder à des inspections d’usages », a souligné le Dr Garga du Minepia. 

Et dans les différents rapports, toutes les administrations accablent Congelcam qui aujourd’hui met, et sciemment, les populations entières en danger de mort. Une mission d’inspection conduite par le Sous-directeur de l’Alimentation et de la Nutrition, Kamsouloum El Hadji Hachimi, a séjourné au terminal à conteneurs du 14 au 17 juin 2023, suite aux instructions du Ministre de la Santé publique, Manaouda relativement à cette affaire. 

Comment peut-on comprendre qu’en trois mois cet opérateur importe plus de 3000 conteneurs de poissons alors qu’il n’a aucune capacité de stockage et encore moins d’écoulement ?  Qu’est ce qui justifie l’importation de ces quantités énormes alors que le Cameroun n’est pas au bord d’une crise alimentaire ? « Congelcam a une responsabilité totale et entière de ce qui arrive dans notre pays », réitère Jacqueline Koa, présidente du conseil. 

Les manquements constatés

Cet opérateur qui a le monopole des importations du poisson au Cameroun depuis des années ne dispose, selon certaines sources, d’aucune Autorisation de Mise en Consommation l’habilitant à importer les produits halieutiques comme l’exige la loi 2018/020 du 11 décembre 2018 sur la sécurité des aliments. De plus, Congelcam n’a pas de Certificats de Conformité́ Sanitaire (CCS) encore moins des Certificats d’analyses des produits, du pays d’origine (d’où proviennent les poissons vendus aux Camerounais), et les Certificats d’analyses des produits. L’équipe de Kamsouloum El Hadji Hachimi a également constaté les conteneurs vétustes et non fonctionnels (aucune notification, ni affichage des températures de conservation) référencé́s MEDU 9146895 position E3016.1. Certains conteneurs scellés présentaient les dernières dates d’inspection des produits au pays d’origine et cela remontait à plus de deux ans (10/09/21).  Et lors du conseil, le directeur adjoint de la RTC, Emile Nkongo, qui aurait souhaité avoir un contradicteur comme bien d’autres membres, a corroboré tous les manquements mis à la charge de Congelcam. Avant de souligner : « la RTC est un manutentionnaire, un régisseur des règles de la marine marchande. Raison pour laquelle elle se permet de faire des alertes sur les contenants défaillants afin que les différents responsables prennent leurs responsabilités ». C’est dans cette optique qu’il a souhaité que l’accord cadre sur les denrées périssables soit respecté par tous. Et pour mettre en doute la sincérité des produits Congelcam, il affirme qu’: « un poisson qui a commencé à voyager depuis le 22 novembre 2022 peut-il être consommé en juillet 2023 quelque soit sa chaîne de froid ? ».  

La descente d’inspection des différentes administrations sur le terrain a amené l’équipe du Ministère de la Santé publique à tabler sur 11 recommandations fortes. La septième recommandation demande de « s’assurer du retrait de la totalité́ des conteneurs incriminés et veiller de manière encadrée à la destruction ou revalorisation de ces produits ». La cinquième recommandation demande à : « CONGELCAM, propriétaire des conteneurs de poissons avariés stockés à la RTC de se conformer aux procédures, textes et lois en vigueur visant à garantir la sécurité́ sanitaire des produits et la santé des populations ». La mission du Ministre de la santé recommande que « Les débarquements supplémentaires des conteneurs frigorifiques contenant les produits halieutiques ne peuvent être acceptés si ceux présents à la RTC et incriminés n’ont pas encore été enlevés ». 

L’inquiétude des associations des consommateurs 

Toutes les organisations des associations des consommateurs, présents lors de ce conseil, ont été unanimes. Il est question de mettre Congelcam devant ses responsabilités et le contraindre par toutes les voies à se conformer aux lois et règlements qui gouvernent l’administration portuaire. Poursuivant dans cette perspective, le Président du Collectif GNDDC, Simon Kaldjop n’est pas passé par quatre chemins pour faire comprendre à la présidente du conseil que : « Tout porte à croire aujourd’hui que Congelcam, au-delà du mépris qu’il porte pour toutes les administrations, veut pourrir la santé les consommateurs. Et c’est pour ce fait qu’il est urgent qu’au regard des éléments présentés ici qui l’incriminent à tous les niveaux, les présidents  des associations des consommateurs se porteront partie civile pour ester en justice Congelcam ». Selon certains responsables portuaires, les textes qui règlementent l’inspection sanitaire vétérinaire notamment l’article 20 de la loi N°2000/017 du 19 Décembre 2000 portant règlementation de l’inspection sanitaire vétérinaire prévoit une peine de prison et/ou une amende pour « Celui qui vent, laisse vendre, ou récupère en vue de sa consommation personnelle de la viande, des conserves saisies à l’inspection sanitaire et destinées à être détruites ». Dans le contexte actuel, plusieurs autres motifs peuvent concourir à traîner devant les juridictions cette structure qui n’a d’yeux que pour ses intérêts, au détriment de la santé des populations. 

Tous les autres présidents des associations des consommateurs présents lors de ce conseil n’ont pas repoussé cette proposition de démarche. L’on peut ainsi citer le président de la Ligue camerounaise des consommateurs, de même que les présidents de CCC, CONACO, REDCO, GNDDC. Et comme autres préoccupations, ils ont tous souhaité être associés à toutes les commissions pour mieux informer les consommateurs. 

Le Conseil national de la consommation a pris toutes ses responsabilités devant la situation et a ensuite pris acte de toutes les informations et recommandations formulées lors de cette réunion. Dans cette perspective, il compte saisir qui de droit pour la prise des mesures adéquates dans la cadre de résolution définitive de cette affaire. 

Richard Bondol 

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